FGJF Historique

Fédération Genevoise des Jardins Familiaux

Le jardin familial, entre ville et campagne…

 

Historique des jardins familiaux genevois.

 

L’impulsion

C‘est au 14e siècle que l’on trouve la première trace de petits jardins potagers aux remparts de Genève. Ensuite, ce fut d’abord entre l’Arve et la plaine de Plainpalais que se sont établis les premiers exploitants de jardins provenant du Midi de la France, d’où ils avaient été chassés en 1570 et 1576.
Avec la révocation de l’Edit de Nantes (1685) une seconde vague d’immigrés huguenots vint s’installer à Genève, et nombreux furent ceux qui s’adonnèrent à la culture des légumes qu’ils plantaient à la Jonction après avoir mis en valeur ses terrains, chargés de sables et d’alluvions.
Il leur fallut par la suite endiguer les rives de l’Arve dont les crues, répétées par la fonte des neiges, causaient d’importants dégâts aux cultures. Les terrains mis en exploitation appartenaient à l’Hôpital ou à l’Hospice Général. Les plantations qui étaient alimentées avec de l’eau tirée du Rhône , avaient généralement quinze jours d’avance par rapport à celles arrosées avec l’eau de l’Arve, celle-ci étant plus froide vu sa provenance des glaciers du Mont-Blanc.

C’est ainsi que les genevois firent la connaissance du cardon et de l’artichaut.

La réputation qui auréolait les productions plainpalistaines repose, des siècles durant, sur ces dynasties de maraîchers qui surent imposer, bien au-delà de nos frontières, leurs graines et plantons sélectionnés. Ces maraîchers se constituèrent en corporation dénommée «Les Plantaporrêts». L’activité de ces cultivateurs se trouve symbolisée, dès 1892, sur les armoiries de la commune de Plainpalais : le Rhône et l’Arve y furent blasonnés ainsi qu’une bêche et un râteau passés en sautoir, une roue de puiserande et une arquebuse enfin, rappelant les occupations agricoles et militaires de la commune (des exercices de tir se déroulaient à la Coulouvrenière).

La disparition des jardins de Plainpalais
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Elle débuta vers 1850 avec le démantèlement des fortifications et l’extension de la Ville. Elle se poursuivit en 1896 lorsque les Autorités reprirent une partie des terrains pour l’organisation de l’Exposition Nationale.
Ce fut la fin des «Plantaporrêts», qui, ne désirant pas s’installer ailleurs, sur des terres moins légères et moins sablonneuses, se recyclèrent dans la banque ou l’industrie. D’un autre côté, la production indigène de légumes se ralentit, concurrencée par les importations croissantes que facilitait le rail.
 
Si les jardins plainpalistains cédèrent peu à peu du terrain aux constructions, d’autres se réveillèrent : les Acacias, la zone de la Praille; mais l’expansion des quartiers proches de la Ville contraignit les maraîchers à un nouveau déménagement du côté du bassin de l’Aire, de Perly, Plan-les-Ouates et Lully.

Distinction entre cultures maraîchères et jardins familiaux
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Il convient toutefois de distinguer les cultures maraîchères des jardins familiaux, cependant il semble judicieux de souligner l’intérêt constant que Genève a porté, depuis des siècles, à la production de légumes sur ses terres.
Les ancêtres de nos jardins familiaux actuels furent influencés par les jardins, qualifiés «d ’ouvriers», que l’abbé Lemire, fondateur à la fin du XIXe siècle de la « Ligue française du Coin de Terre et du Foyer », créa dans les Hauts-de-Seine (à Meaux, près de Paris) et qui se multiplièrent par la suite. Un événement dramatique va permettre à Genève d’augmenter le nombre de jardins ouvriers : le conflit armé de 1914. Le rationnement n’étant pas une solution définitive, il fallut songer à accroître la production nationale.
On s’y prit bien tard, mais la leçon sera retenue lorsqu’ils remettront «ça » en 1939. Le Conseiller fédéral Schultess, chef de l’Economie, se contenta d’édicter des ordonnances qui stipulaient que les terrains en friche ou insuffisamment exploités devaient être réquisitionnés pour y établir des jardins. Touchées par la mobilisation, sans caisse de compensation, des familles trouvèrent dans la petite culture un appoint non négligeable aux heures de repas et une occasion de soulager le budget familial. Enfin et surtout, le 15 novembre 1940, F.-T. Wahlen, alors chef de la section de la production agricole et de l’économie domestique de l’Office fédéral de guerre pour l’alimentation, présenta un plan qui porte son nom.

2’500 petits jardins mis à disposition par la Ville de Genève…


Ce furent ainsi plus de 2’500 petits jardins qui bénéficièrent des terrains qu’avait mis à disposition la Ville de Genève. Les parcelles, de 200 à 400 m2., étaient situées en territoire carougeois pour 40% d’entre elles. Des concours mis sur pied par les municipalités distinguaient les jardiniers les plus méritants. Il semble que le jardinage et le petit élevage étaient appréciés puisque bientôt plus de 4’000 jardinets furent recensés sur terre genevoise. Après le premier conflit mondial, de nombreuses parcelles disparurent mais d’autres naquirent tels les groupements du Pré-Chauvet, du Pont Butin ou du Pont de Lancy. En effet, la fin des hostilités fut fatale pour certains groupements. Ainsi, à cause de l’extension de la ville, plus de 50% des 48 groupements officiels recensés en 1945 disparurent (par exemple au Bachet de Pesay, à la Servette et à l’Aubépine). Parmi ceux-ci, 6 sont encore en activité (Avenir, la Bâtie, Bel’Essert, Bois-des-Frères, Bouchet et Villars). Ces suppressions témoignent d’une reprise de l’activité économique normalisée et par la mise en place d’infrastructures publiques dès le milieu des années cinquante, certains groupements urbains furent relogés en périphérie, comme par exemple le groupement de la Queue-d’Arve reformé partiellement à Perly, alors que d’autres disparurent complètement, laissant place entre autre au Centre Sportif des Vernets, au Port-Franc, au Cycle d’Orientation de Pinchat, à l’usine à gaz de Châtelaine etc.

La Normalisation.

Dès le 30 mars 1922, date de sa fondation, la F.G.J.F. se dénommait en fait Fédération Cantonale des Jardins Ouvriers (F.C.J.O.). Dès 1958, elle délaissa « cantonale » pour « genevoise », ceci pour mieux préciser l’espace contrôlé et se distinguer au niveau national. Quant au qualificatif « ouvriers », aux connotations péjoratives et surannées, il fut délaissé au profit de « familiaux », correspondant mieux à l’image que les responsables désiraient donner des jardins.

La pérennité des jardins familiaux, un exercice d’équilibre… 


Les promoteurs de jardins familiaux n’ont cessé de poursuivre leurs efforts visant à la stabilisation des groupements. Après les succès obtenus pendant la période 1956 -1967 avec la conclusion de baux à long terme, ils entendent renforcer leur position en présentant des nouvelles créations empreintes d’ordre et d’esthétique. Les comités ont envisagé leurs tâches avec plus de sérieux, la plupart des sociétaires ont soigné leur parcelle, assurés d’en avoir longtemps la jouissance. Les cabanes originelles, fagotées avec des matériaux de récupération, ont fait place à des chalets élaborés et dimensionnés, d’après des plans et des éléments agréés par la Police des Constructions.

A un jardin “utile”, enfant de la nécessité, a succédé un jardin dit “d’agrément”, royaume du loisir. Fini le temps où ce lopin de terre devait nourrir bien des familles nombreuse. De nos jours, on recherche plus l’originalité et la qualité que la quantité.

Le jardin “ouvrier” fait place au “jardin familial”
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Le jardin “ouvrier” genevois n’est plus que souvenir, le qualificatif de “familial” évoque mieux son authenticité actuelle. Aujourd’hui le manoeuvre ou l’employé n’a plus l’apanage d’une telle activité culturale. Ce type de loisir intéresse maintenant d’autres milieux sociaux.
Il est un moyen d’échapper au stress et une façon de montrer à nos enfants que la nature est merveilleuse et qu’elle doit avoir sa place dans notre monde d’ordinateurs et de robots.
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